Le château au bord du Minaouët

Le château du Minaouët (Lacaze)
Le château du Minaouët (Lacaze)

Le château du Minaouët ou « château Lacaze », du nom de son premier propriétaire, majestueux sur son promontoire entre Kermao et Pont-Minaouët, surplombe la discrète vallée du Minaouët. Depuis plus de cinq cents ans, le bras de mer et la petite rivière accueillent un moulin à marée, un moulin à eau à Meil-Mao, propriétés d’Anne de Bretagne.
Dès sa construction en 1908 (date inscrite au-dessus de la porte d’entrée), le château était bien visible de l’ancienne route de Trégunc à Lanriec. Aujourd’hui, c’est la rue Lucien Picard, nommée en hommage au maquisard tué à Kerviniou lors de la libération du Cabellou et de Concarneau le 24 août 1944. En 2017 et depuis quelques dizaines d’années, cette « maison de maître » est dissimulée dans la végétation abondante, et par les nouvelles constructions de la zone artisanale du Minaouët.

L’origine et la vie au château

En 1840, le champ nommé Park Pont-Minaouet en Trégunc est vendu pour 450 F par François Talgorn de Keranguevenet au sieur Duppont de Concarneau. En 1868, Louis Lacaze (1832-1884), acquiert cette propriété, son fils Gaston fait construire ce château en 1908.
Il y avait un relais de chasse en pierre avec un bel escalier dérobé il y a quelques années. « Sébastopol », appelé ainsi en l’honneur de Napoléon III lors d’une visite manquée en 1858 quand l’empereur était de passage à Quimper et à Quimperlé.
M. Gaston Lacaze Kerguvelen (1868-1932), dirigeant de conserverie et conseiller municipal de Concarneau de 1900 à la guerre 1914-1918, est le propriétaire déclaré du château au recensement de 1911. Cette bâtisse était connue des anciens sous le nom de « château Lacaze ». Une des chansons que les sardinières des conserveries de Concarneau chantaient porte le même titre et semble évoquer l’avarice du patron.
Sur les terres du château, on faisait du cidre et l’on cultivait des pommes de terre. Le parc descendant jusqu’au bord de la rivière était splendide avec de hauts arbres et des allées bordées de rhododendrons. D’après les souvenirs des voisins, il y avait des écuries près du château et un moulin sur le Minaouët. Un couple y vivait en permanence, élevant des vaches, des cochons et des poules. Un soir d’orage en hiver, toutes les vaches moururent.
Le moulin fut bombardé pendant la guerre et les ruines sont restées longtemps visibles. Pendant la Seconde Guerre mondiale, ce château a accueilli de nombreux réfugiés de Paris. Un voisin qui était enfant en 1952 se rappelle être venu y manger des pommes dans le sous-sol qui lui paraissait très moderne car il y avait un monte-plats.
Plusieurs personnes de Trégunc, travaillaient et entretenaient le château : gardiens, servantes… De 1947 à 1952, Marie-Thérèse Caradec y habitait avec ses parents, métayers au château, elle se souvient des interdictions d’accéder aux ruines du relais de chasse et de la dépendance.

Le château du Minaouët (Lacaze)
Le château du Minaouët (Lacaze)
Les jolies colonies de vacances… Youkaïdi, aïdi, aïda

Les enfants de la colonie de vacances de la Coop ont fréquenté le château à partir de 1951 et jusqu’en 1983. Les installations ont été vérifiées le 9 juin 1951, un arrêté municipal le stipule à cette date. Le préfet du Finistère  a autorisé le 23 juin 1951 le manoir de Pont-Minaouët à devenir une colonie de vacances.
En 1960, un voisin les ravitaillait en eau par camion-citerne deux fois par semaine car il n’y avait pas encore d’eau courante au château à cette époque-là, juste un puits de quatorze mètres de profondeur, peu alimenté, qui ne suffisait pas à une colonie. Tout au long de l’année, les parents collectaient des timbres de fidélité obtenus avec leurs achats à la Coop afin d’amener leurs enfants en colonie de vacances. Cette cagnotte transformée en francs était déduite du prix à payer pour le mois de présence à la colonie de vacances. Il y avait environ une centaine d’enfants à la fois. Les filles étaient hébergées au château tandis que les garçons l’étaient dans de grandes tentes de type militaire et, plus tard, dans des préfabriqués pour filles et garçons. Le personnel et l’administration logeaient dans le château. La Coop a mis le domaine en vente en 1986, les colonies de vacances avaient moins de succès et cet immeuble aurait nécessité de lourdes transformations.

Dortoir de la colonie de Vacances de l’Union des Coop. du Finistère - 1964
Dortoir de la colonie de Vacances de l’Union des Coop. du Finistère – 1964
Témoignage de Georges Scoarnec à Pont-Minaouët de 1954 à 1962

Georges a 10 ans en juillet 1954 lorsque ses parents l’envoient en colonie de vacances, pour un mois au château du Minaouët en Trégunc. Il y va tous les ans, soit en juillet, soit en août, en fonction de la période de travail de ses parents.
En 1960, Georges, qui a 16 ans, devient aide-moniteur. Les deux années suivantes, il est moniteur. Une journée en colonie : Le matin, réveil à sept heures et petite toilette dans un bac d’eau froide, L’eau courante a été installée au château en 1961, Une fois par semaine, c’était la douche municipale à l’Abri du marin à la Croix à Concarneau, trajet à pied bien sûr. Les filles dormaient dans le château et les garçons sous des tentes installées dans le parc à l’extérieur.
L’infirmière veillait à la santé de ces petits colons et elle était vigilante sur la propreté individuelle. Le petit-déjeuner, très copieux, et tous les autres repas étaient pris au sous-sol du château. Des produits locaux, des thons entiers étaient cuisinés par l’épouse du directeur de la colonie, professeur de l’école normale de Quimper, un homme imposant du type à la Goliath. Les colons participaient aux menus travaux de cuisine, épluchage de pommes de terre, équeutage des haricots verts…
En matinée, les jeux de plein air étaient privilégiés dans le parc du château. Il y avait un périmètre à respecter, il était interdit de se rendre dans les ruines des écuries Napoléon et du moulin de Meil-Mao (les animateurs parlaient de fantômes).
À cette époque, les colons s’adonnaient au tennis, au volley et à différents travaux manuels avec des coquillages, des pommes de pin… La vente de ces babioles se faisait à la kermesse lors de la visite des parents.
À treize heures, sieste obligatoire jusqu’à quinze heures. L’après-midi, selon la météo, une baignade était organisée aux plages de Ster-Greich, de Pouldohan ou du Cabellou. Dans les marais du Cabellou, il y avait également des séances de pêche à la grenouille avec une ligne équipée d’un petit chiffon rouge. Tous ces déplacements se faisaientnt à pied et en chantant.
Pendant le mois de présence, il fallait absolument apprendre une chanson, que l’on chantait à tue-tête sur le parcours,  « tiens voilà les Lacaze qui passent ». Le soir, après le dîner, les jeux de sociétés étaient souvent programmés. Le coucher était instauré à 22 heures.

Centre de formation professionnelle

Une ancienne surveillante de nuit de l’internat des filles disait qu’à son époque, en 1990-93, les filles (surtout des lycéennes en hôtellerie) étaient en chambrées de trois ou quatre et qu’il n’y avait pas de grands dortoirs ; il y avait des seaux en cas de pluie à cause des fuites dans le toit. La tempête de 1987 était passée par là et avait fait beaucoup de dégâts dans le parc et sur les toits ; mais les élèves se plaisaient beaucoup dans ces murs où ils ne résidaient que pour la nuit, « faisant quelquefois le mur » par les portes et escaliers de secours. Chaque matin à 7 heures, un car conduisait les élèves à l’école Saint-Marc pour le petit-déjeuner ; ils rentraient le soir vers 21 h 30 après les travaux pratiques (repas et service). Il y avait environ quatre-vingts élèves, filles et garçons, hébergés dans les bâtiments annexes. Le terrain était clôturé.
Ensuite, la décision fut prise d’acheter le verger à côté de l’école Saint-Marc pour y bâtir des locaux neufs, évitant ainsi les frais de cars et de maintenance du château.

La section sport-étude cycliste en 1988

À la rentrée de 1988, une section sport-études cycliste de quatorze élèves est créée par le lycée Saint-Marc. L’élève de troisième Benoît Jaffré, 16 ans, devint champion de Bretagne UNSS de cyclo-cross à Melrand, près de Pontivy. Marc Pensec (frère de Ronan), est le responsable de cette section. Tous reçoivent la visite et les félicitations de Jean-Paul Ollivier, journaliste d’Antenne 2 à cette époque, et ancien élève de « Saint-Jo ».

Autres propriétaires

En 1997, le château est en très mauvais état, des travaux de rénovation ont été réalisés par les différents propriétaires. Depuis 2007 le château a trouvé un nouveau propriétaire.

image_printVersion imprimable
Partager cet article :

9 commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

  1. Bonjour je suis née en 1959, j’ ai passé mes vacances en colonie au château où plutôt autour du château vu que les garçons dormait dans des cabanes en bois.j’aimer

  2. Bonjour,Les adresses postales des particuliers constituent des données personnelles définies par l'article 2 de la loi n°78-17 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés. Elles sont soumises aux dispositions de la loi du 6 janvier 1978. Il n'est pas possible de les publier ici.

  3. Bonjour à tous, J'ai passé mon enfance dans cette colonie de vacances notamment dans ce château , pleins de souvenirs dans la tête, depuis chaque années je passe mes vacances en famille avec ma femme et mes enfants, chaque année j'essaie de retrouver ce château mais en vainSi quelqu'un a une adresse exact, cela serait super sympa, merci

  4. Moi j'y suis allé deux fois dans cette colonie,en 1963 et 1964, je me souviens même des noms des moniteurs,la Bulle,Tarzan,Bambou (le sous-directeur) ,soufflette,Darry (il avait des airs de Darry Cowl),Daisy,Grillon,Marmotte,Fracasse,Gentiane,Eole et d'autres. Ça c'était en 1963,j'ai encore une photo dédicacée de tous les moniteurs.Durant la sieste il ne fallait surtout pas faire de bruit,on se repassait en douce des illustrés style Blek le Rock, Pim Pam Poum.Durant la sieste,dans le silence ambiant on entendait les vrillettes,je ne savais pas ce que c'était à l'époque,qui grignotaient la charpente. Presque tous les copains de mon groupe (les Conquérants) étaient des bretons.Il y avait trois préfabriqués en bois,un bleu,un jaune et je crois un rouge et un couple de gardiens âgés habitaient une maison à l'entrée de la colo,je leur avait dit avant de partir que je reviendrais les voir car je ne payais pas le train mais je n'y suis jamais retourné.Je n'ai pas retrouvé de photos de l'année 1964 mais je dois en avoir quelque part,j'étais amoureux d'une grande fille qui habitait le Relecq-Keruon et d'une des deux sœurs qui habitaient rue de l'Eglise ç Saint Brieuc.Souvenirs souvenirs…

  5. Bonjour.. Nous on habitait juste à côté du château avant le pont de la rivière sur la gauche au pont.. J'y aïs été jusque l'âge de 10 ans.. Avec mes grands parents (paingault) et (Dizet) nous étions dans la maison qui a été détruite… Nous y étions tous, mais 3 grandes pièces séparées par un mur avec entrées individuelles… Toute mon enfance, jouer dans la Riviere, avec les gosses du château en colonie qui faisait le mur le soir… C'était captivant, quels souvenirs !!!! Il fallait aller chercher l'eau à la rivière et la faire bouillir… Nous sechio s le linge sur des fils à côté du château, juste à la rivière, où l'on se baignait pendant que maman eteindait les draps.. Qui parfois l' hiver était congelés, dur comme du bois… Holala quel souvenir… C'était moi la Duchesse du château !!!! Je m'étais toujours dis qu'un jour j'y habitera mais bon, les rêves ne sont pas toujours réalisables… Comme je les enviais ces gosses de riches, que les parents avaient les moyens de les emmener en colonies, moi mes parents n'étaient pas riches, juste de quoi joindre les 2 bouts… Mais on était heureux !!!!!

  6. Bonjour,Je suis contente de trouver une trace de ce manoir, que j'ai aussi essayer de retrouver, habitant la région maintenant…Pour autant, j'ai passé 1 mois en colonie organisée par la coop de Chateau Thierry. Trajet très très long pour une quarantaine de gamins. Avec “arrêt pipi” sur le bas-côté de la route, et en-cas préparé par les parents…Le premier soir, nous étions une douzaine de filles à dormir sous les toits, dortoir des grandes. Hélas, 2 ou 3 papotaient, toutes excitées par ces vacances. Ce qui n'a pas plu à la monitrice. En réprimande, toute la chambrée a été punie, er envoyée prendre une douche froide après avoir traversé le parc.2ème mauvais souvenir : la mono nous emmène au bord du bras de mer, super endroit, eau claire, pour nous qui ne connaissions pas la mer, c'était extraordinaire, même s'il n'y avait pas de vagues, juste de petites vaguelettes. Au final, nous n'avons pris qu'un bain de pieds, pas plus haut que les genoux… au retour, la mono se fait vertement réprimander par le directeur, car elle n'avait pas prévenu. Résultat : nous avons été privées du bras de mer jusque la fin du séjour.Conclusion, l'endroit était super, vu de mes yeux d'enfant de 11 ans, mais mauvais souvenir de cette colo

  7. Je l'avais vu en vente l'année dernière et je pense qu'il y a un nouveau propriétaire en 2021. Le prix était attractif et justifié par l'état des batiments. J'avais gardé ce bien sous le coude mais … comme dit “la duchesse” ce n'est pas toujours réalisable.

  8. Bonjour à tous,Très enrichissant article, qui retrace la vie de ce château.Edifice un peu oublié, en tout cas pour moi et sûrement d'autres Trégunois,et qui n'a plus pignon sur rue, en considérant notamment qu'il fait partie du domaine privé, et qu'il est à l'écart des rues principales de la commune. Il est donc peu visible, et un peu méconnu.Maurice a très bien relaté les principaux événements de la vie de ce domaine. Merci Maurice. Claude DAVID