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des Amis du Patrimoine de Trégunc

Le moulin à marée de Trégunc

Le moulin à mer a déjà fait l’objet d’un article par Pierre Moutel dans le Ma Bro 1, il faisait état de la demande d’autorisation de construction du moulin à marée en 1512 par le seigneur de Kervren aux souverains de l’époque, la duchesse Anne et Louis XII, ainsi que de la visite des lieux par les représentants de l’autorité royale en présence de membres de la noblesse locale et des gens de métier l’année suivante.

L’initiateur du projet est Christophe Goarlot seigneur de Kerbren (Kervren) à Trégunc, des Portes (Porzou) à Lanriec et du Poullanguez (Poulvez) à Moëlan-sur-mer.

Note : dans le texte qui suit, on observera des variations sur les noms de lieux ou de personnes selon les époques, les ouvrages ou les archives. Les habitants ou meuniers du lieu ainsi que les propriétaires successifs sont notés en gras.

Les moulins à marée existent en France depuis le XIIe siècle, ils étaient généralement bâtis au fond des estuaires, dans des anses naturelles ou artificielles barrées d’une digue. Ils avaient l’avantage de ne pas dépendre des humeurs des cours d’eau : assèchements ou crues. Ils pouvaient aussi être couplés à d’autres moulins classiques, à eau ou à vent, assurant de fait une production plus régulière et donc plus importante.
L’édification d’un tel moulin démontre qu’à l’époque cette famille avait les moyens, cela se vérifie déjà en 1481 lors de la montre (revue militaire de la noblesse) de l’évêché de Cornouaille ; Louis Goarlot, seigneur de Poullanguez et Kerouriou 2, se présente avec deux chevaux et obligation de fournir un archer supplémentaire. Les prééminences et droits honorifiques visibles dans l’ancienne église de Trégunc sont aussi représentatifs de cette relative aisance. Ces droits seront acquis en 1655 par Jan de Kermellec, seigneur de Kerminaouët 3, en raison de la vente d’une grande partie de la seigneurie de Kervren dont le moulin à mer, l’autre partie demeurant à la descendance de Christophe Goarlot qui possède toujours une portion du manoir. Les deux familles se revendiquent logiquement seigneurs de Kervren, quant au manoir du Porzou, il reste aussi, pour l’instant, la propriété des Goarlot.

Les moulins du Minaouët

Passons en revue les autres moulins de Trégunc et Lanriec que comptait le Ster Pont Mynaouet, certains d’entre eux ont une histoire commune avec le Moulin-mer. Le cours d’eau change de nom selon l’endroit où on le rencontre, il devient ruisseau de Kergunus un peu avant le moulin du dit-lieu puis, en amont du moulin, en direction de Keranevel, on le nomme le Ster Vras Veil Kergunus.
En amont, côté Lanriec, la bâtisse du moulin de Kergunus existe toujours. En 1682, le moulin de ladite seigneurie de Kergunus et son bief et destroit, lequel étant en bon renable 4 pour valoir de comme estimation, quitte des réparations, soixante livres tournois.
Un moulin de la seigneurie du Chef-du-Bois Thominec 5 à Lanriec, long de 40 pieds et couvert d’ardoises, à deux tournants, est nommé le moulin vert (comme bien d’autres moulins ailleurs en France). Cette seigneurie en possédait un autre nommé autrefois le moullin neuff du Thomynec, ou aussi moulin de Chefdubois ou de Penhoat, aujourd’hui le moulin Pell, couvert de gled (chaume) et long de 30 pieds, sur le Fromveur alias Dour Froutmeur, ce cours d’eau et son estuaire portent aujourd’hui le nom de la seigneurie locale, le Moros.  
Plus en aval du côté Lanriec, nous trouvons le moulin de Coetmin, anciennement Coetmen, appartenant à la seigneurie de Kervichart qui détenait aussi le moulin dit du Hénant sur le Fromeur ; les maisons du Hénant et Kervichart furent unies durant environ un siècle et demi et ce dès le tout début du XVIe. Quant à la terre de Coetmen implantée côté Trégunc, aujourd’hui hameau de Coat-min, elle appartenait au XVIIe à la seigneurie de Penanrun.
Le moulin Mao ou Meil An Maou situé en Trégunc apparaît ruiné en 1680 6, probablement s’agit-il ici d’un moulin de la seigneurie de Kervren. On le retrouve en état de fonctionner au début du XVIIIe siècle, il est alors détenu par la seigneurie de Kerminaouët, certainement à l’origine de sa réparation et remise en marche. Il est exploité par les meuniers du moulin-mer, ces moulins sont aussi nommés moulins de Kervren.
Le moulin de Pont-Minaouët près de l’ancien pont du côté Lanriec, parfois confondu avec Moulin-mer, était à l’origine un moulin ducal puis royal comme le stipule le document de 1513 :  moulin de pont mynaouet a nosdits souverainz seigneur et dame, il sera mis en vente à la fin du XVIIe et passera dans différentes mains dont celles des seigneurs de Kerminaouët 7.   

Jacquette le Livec

En 1673, Jacquette le Livec, veuve de Jan de Kermellec, dame douairière de Kerminaouët, rend aveu de ses biens dont Kervren et son moulin : De plus déclare ladite dame avouant en ladite qualité tenir et lui appartenir en entier le moulin à mer dépendant dudit manoir de Kervren, icelui couvert d’ardoise à deux tournants construit en forme de pavillon 8 contenant de long de longère vingt et neuf pieds francs à deux arras de pignon, dix-sept pieds et deux tiers de hauteur sous couverture, chaussée, bief, destroit, étang et autres issues de crèches, maisière, jardin, courtil à présent tenu sous ladite dame à titre de simple ferme par le nommé Pierre le Troedec, moulnier, pour lui en payer par chacun terme de la St-Michel le nombre de quatorze minots de froment, trente et deux minots seigle, douze minots mil, seize minots orge, un minot de gruau, mesure de Concq et un gâteau au jour des rois.

Le moulin possède deux tournants, un tournant est entraîné par une roue hydraulique, il se compose de deux meules dont l’une nommée la tournante ou mouvante qui tourne autour d’un axe au-dessus d’une autre fixe, posée à l’horizontale appelée la dormante.
Les dimensions et la composition de ces meules peuvent varier selon les besoins, on parle alors de moulin roux et de moulin blanc. Le moulin roux était utilisé pour moudre l’aliment du bétail, avoine, orge, ce qui représentait une grosse partie du travail de meunier, ses meules étaient en pierre dite de Rouen. Le moulin blanc se composait de meules réalisées en pierre de Champagne ou en silex qui broyaient plus fin le froment, le seigle et le blé noir utilisés pour la consommation humaine, quant au gruau, il s’agissait de grains concassés non réduits en farine.
Un autre aveu est rendu en 1681 9 pour Kerminaouët par le fils de Jan, Ollivier de Kermellec, seigneur dudit lieu de Kerminaouet, Kermadouez, Kermeur, Kervren et autres lieux (…) Le moulin à mer dépendant dudit manoir de Quervran appartenant en entier audit sieur déclarant avec ses chaussées, biefs, destroits et autres dépendances sous lui tenu à titre de simple ferme par Pierre le Troadec, moulnier pour en payer par an de ferme à chacun jour et terme de la Saint-Michel en septembre, la somme de deux cent dix livres tournois. On remarque que dans cet aveu le paiement en nature a disparu, le mode de rémunération qui consistait à garder un pourcentage de la production faisait du meunier un privilégié envié de ses contemporains ; mais les inventaires après décès nous démon­trent qu’en réalité la plupart des meuniers n’étaient pas plus aisés que la moyenne des cultivateurs.
À la même époque, le manoir du Porzou appartient à la dame douairière de Kerminaouët : le manoir et lieu noble du Porzou situé en ladite paroisse de Lanriec avec tous et chacuns les terres, issues, largesses et franchises en dépendant appartenant autrefois à noble homme Augustin Garlot sieur dudit lieu et à présent à dame Jacquette le Livec douairière de Quermenaouet 10.
En 1730, le Moulin-mer, Moulin-Mao et celui du Pont-Minaouët appartiennent au seigneur de Kerminaouët, Noël-Florentin de Toulboudou (neveu héritier de Noël-Jean de Kermellec fils d’Ollivier) seigneur de Guidfos, Kermadoué, Kervren, le Porzou et autres lieux.
Un autre aveu est produit en 1753 par François-Joseph de Derval (marié à Marie-Jeanne-Françoise de Toulbodou, sœur de Noël-Florentin) chevalier seigneur du Kergos, Kerminaouët et autres lieux dont Kervren ainsi que ses moulins : Les moulins à mer et à eau douce dépendants dudit manoir de Kervren appartenant en entier audit sieur déclarant avec leurs chaussées, biefs et destroits et autres dépendances sous lui tenus à titre de simple ferme par Guillaume Simonou suivant bail à ferme du 21 novembre 1747 pour en payer au sieur déclarant par chaque année la somme de 255 livres.

Les meuniers de Moulin-Mer

Le premier meunier connu de Moulin-mer, Pierre le Troadec, est venu au monde vers 1614, il apparaît dans deux aveux de Kerminaouët. Il est marié à Adélice le Denval (ou le Denual, née vers 1630, décédée en 1710), ils habitent Kerlari. Pierre meurt à l’âge de 80 ans. Deux de leurs enfants, Pierre (né en 1645, marié en 1674 à Anne le Denval) et Jan (né en 1666, marié en 1687 à Marie Simonou) tous deux décédés à l’âge de 40 ans seront meuniers au moulin voisin de Pont-Minaouët.
Un autre Pierre le Troadec, né vers 1667 (est-ce un autre fils de Pierre ?)
est meunier de Moulin-mer, il apparaît dans l’acte de décès de sa première femme Marie le Carduner, le 20 février 1700. On peut donc penser que c’est lui qui a pris la suite de Pierre le Troadec père décédé en 1694. Pierre se remarie le 18 avril 1700 à Janne Mabil et auront au moins quatre enfants (dont un autre Pierre) nés entre 1701 et 1709 ; notons qu’à la naissance d’une de leurs filles en avril 1706, ils demeuraient au moulin du Mao exploité lui aussi par la famille. Pierre disparaît en 1720 âgé de 53 ans.
Moulin-mer et moulin Mao sont donc exploités par les mêmes personnes, ce sera aussi le cas du moulin de Pont-Minaouët déjà baillé à la famille, puis par Guillaume Caradec et Louise Simonou. Leur fils Jan né en 1702 prendra la suite dans ce moulin de Lanriec revendu par le seigneur de Kerminaouët. Quant aux moulins de Kervren (an Mao et Moulin-mer), ils sont loués en 1747 à Guillaume Simonou, fils de Pierre Simonou et Angélique le Troadec (fille de Pierre et Anne le Denval).
Guillaume Simonou, nommé dans l’aveu de Kerminaouët de 1753, vu plus haut, est né le 3 février 1712 à Trégunc, il se marie en janvier 1745 à une Bannalecoise, Renée Herlédan née en 1723, ils ont au moins quatre enfants tous nés à Lanriec. Ils habitent ensuite à Melgven, Renée disparaît en avril 1773 et Guillaume quatre ans plus tard au moulin Coat-Canton, inhumé le 26 mai 1777 à Melgven. Le 20 décembre 1774 est signé un bail à ferme concernant le moulin-mer et le moulin Mao par le seigneur de Kerminaouët Joseph-Marie de Derval et le meunier François Raoul (ou Raoult). Nous trouvons un meunier nommé ainsi dans les années 1750 au moulin neuf Troganvel à Bannalec sans pourtant être sûrs qu’il s’agisse bien du même.

De la Révolution à nos jours

Le 28 mars 1790, un vote de l’Assemblée nationale permet aux paysans d’opter pour le moulin de leur choix ; cette même année, les biens de Joseph-Jean-Marie-Hyacinthe de Derval (petit-fils de François-Joseph) nouveau propriétaire de Kerminaouët émigré en Angleterre sont saisis, parmi eux, le Moulin-mer et le moulin Mao. Le moulin dit de Poulhoas situé à Pont-Aven appartenait aussi au sieur de Kerminaouët avant la Révolution 11.
Le 8 avril 1793, un décret autorise les meuniers à acquérir les moulins des émigrés. Dès lors, tous les moulins seront vérifiés par une délégation composée d’un ingénieur des travaux publics accompagné de deux citoyens représentant la commune afin de constater si l’état des moulins et leur banlieue est compatible à la réalisation d’une vente en l’état, par exemple certains moulins ne pourront plus fonctionner si leur réserve d’eau est susceptible de causer des dommages aux cultures environnantes.
Le 14 septembre 1793, le moulin à mer et le moulin Mao sont mis en adjudication 12, chômants depuis deux trois ans faute de réparations, ils seront achetés par Gabriel le Baccon, voici quelques extraits de ce document : la maison consistant en deux longères de vingt-neuf pieds ayant de franc à deux arras (mur intérieur de séparation) dix-sept pieds et de haut par réduction dix-huit pieds construit de pierre de taille couvert en ardoise (…) ayant deux tournants et moulans prisé la somme de 2400 livres (…) Ce qui en tout ce que dit Gabriel le Baccon nous a montré et affirmé de prendre dudit moulin qu’il tient à ferme, ainsi que le moulin A Mao par adjudication lui faite par les citoyens administrateurs du directoire du district de Quimper en date du (blanc) septembre dernier 1793 pour un an pour la somme de 306 livres par an sans autres charges (…) vus les réparations de laquelle somme de 3300 livres déduisant le quart pour contribution foncière donne pour valeur commune et principale celle de 2475 livres (…) Fait à Concarneau le 18 ven­tôse l’an II (8 mars 1794).
Gabriel le Baccon, né vers 1748, se marie avec Marie le Dallour fille d’un tailleur de Bannalec, ils travaillent ensemble au moulin Troganvel à Bannalec avant la Révolution, lieu de naissance de leurs enfants, et par la suite au moulin de Pont-Minaouet. Ils décèdent tous les deux au moulin Mao, lui en février 1807 à l’âge de 58 ans et elle un an plus tard, âgée de 43 ans.
Leur fils aîné 13 Joseph-Gabriel le Baccon, né le 11 avril 1785 à Bannalec, s’engage dans l’armée quelques années puis se marie le 15 mai 1810 à Anne Landrain de Lanriec (née à Nizon en décembre 1781) fille de Guy Landrain et Jeanne Jan de Kernével (Guy se remarie en secondes noces à Marguerite Péron). Joseph-Gabriel est inhumé le 15 juin 1819 à Trégunc 14 et Anne Landrain meurt à Kerboussicorn en février 1830.
Cyrille Maguer, dans son ouvrage consacré à Trégunc, nous informe que, le 30 novembre 1815, Louis le Baccon du moulin de Penfoullic en Fouesnant vend ses droits sur les Moulin-mer, moulin-Mao et le moulin Vert en Lanriec pour la somme de  1160 F à son frère Joseph. Louis est né le 20 juin 1788 et travaille à Fouesnant avec sa femme Marie-Jeanne Lozachmeur d’une famille de meuniers de Pont-Aven.
Le recensement de 1841 indique que les meuniers du Moulin-mer et leurs enfants habitent Keranguervenet, il s’agit d’Yves-Joseph-Marie Gerbes baptisé le 1er mai 1811, fils d’Yves et Marie-Josephe Limbour, meuniers à Pont-Aven, il se marie avec Marie-Véronique Tamic le 30 juillet 1833 à Nizon.
Le cadastre napoléonien de 1845 nous montre que le Moulin-mer et le moulin An Mao appartiennent à Yves le Nivez, cultivateur de Kerboussicorn, né le 26 février 1800, fils de Marc le Nivez et Véronique-Josèphe le Guillou du village du Paradis. Yves se marie le 16 juillet 1828 avec Marie-Anne le Baccon née en 1811 (fille de Joseph-Gabriel et Anne Landrain vus plus haut), il meurt en juin 1850, Marie-Anne se remarie le 2 juillet de l’année suivante à Alain Lozachmeur, meunier âgé de 40 ans, elle décède en 1853.

De 1846 à 1861, le meunier du moulin à mer est Joseph Le Nélias né en 1807, marié à Marie-Rose-Aline Landrain née au moulin-neuf du Plessix-Nizon le 13 février 1811. Marie-Rose, est une de fille de Guy Landrain et Marie-Jeanne Even (1790-1852) mariés à Névez le 9 juillet 1806, Guy étant le fils de Guy Landrain et Marguerite Péron et demi-frère d’Anne Landrain vus plus haut, né en 1784 à Melgven, il meurt le 17 juillet 1842 à Pont-Aven.
En 1866, le moulin est inhabité, quelques années plus tard, le 23 octobre 1873, le moulin fermé et abandonné est mis en vente pour 7000 F, avec ses dépendances, parcelles attenantes situées sur les communes de Trégunc et Lanriec ainsi que l’étang, le tout représentant près de cinq hectares ; la propriété a été saisie à la requête des exploitants de la ferme de Kerambars sur Louis-François Pierre et Sylvain Peyron fils, négociant, tous deux de Quimperlé 15. La mère de Sylvain Peyron, Zoé le Guillou de Penanros, est membre d’une famille importante propriétaire de nombreux biens dans la région, notamment des terres de Stangven à Trégunc.

En 1876, nous retrouvons Yves-Joseph-Marie Gerbes vu plus haut et son petit-fils Joseph Hervé, ils sont accompagnés de Marie-Anne Keraven et Marie-Françoise Beux, inscrites comme domestiques. Après la mort de Marie-Véronique Tamic, Yves Gerbes se remarie le 16 janvier 1878 à Trégunc avec Marie-Anne Keraven née le 23 avril 1854, cultivatrice de Fouesnant (fille d’autre Marie-Anne Keraven, mère célibataire citée plus haut), elle travaille alors avec son mari et le 13 novembre 1878, met au monde une fille, Anne-Marie Gerbes. Yves Gerbes disparaît au moulin du Fresq à Melgven le 30 décembre 1887 âgé de 76 ans, il était alors meunier à Pont-Aven.
En 1891 sont présents à Moulin-mer Joseph Dizet, cultivateur né en novembre 1840 et sa femme Marie Denys née en mai 1831 ainsi que leur fils Yves âgé de 16 ans. En 1896 apparaissent le même Joseph Dizet, sa femme et Anna Rioual sa belle-fille (fille de Marie Denys et Jean-Marie Rioual son premier mari décédé en juin 1867) et son petit-fils Louis Tanguy.
En 1897, le moulin-mer serait passé de la famille  Bouderelle (?) à la famille Duval16, nous ne possédons aucun document sur cette transaction. Joseph Michelet, marin pêcheur âgé de 26 ans, sa femme Marie Gogail, 23 ans, et Yves leur fils âgé d’un an y sont recensés en 1901.   
Le 23 mai 1908, un article du journal Le Finistère 17 relate un drame survenu le 17 mai sur la grève de l’estuaire du Minaouët non loin de Moulin-mer où deux jeunes enfants de la famille Rioual de Keranguervennec se sont noyés, sans doute surpris par la marée montante, cet article fait apparaître le propriétaire du moulin, le dénommé Duval ainsi que M. Maillard propriétaire d’un yacht et son patron Marc le Déréat, marin-pêcheur né en 1880, qui demeure au Moulin-mer avec sa femme Francine-Yvonne Glémarec de Lanriec, ce dernier disparaît lors du torpillage du cuirassé Suffren par un sous-marin allemand en 1916.
Dans les années 1920 le moulin est habité par la veuve Perrine Flatrès née Guisquet à Trégunc vers 1850, plus connue sous le nom de Perrine An Goz. André Jary lui consacre un article dans le blog des Amis du Patrimoine sous le titre Le long jupon rouge de Perrine An Goz.
Les recensements de 1926 à 1936 font aussi apparaître Joseph Glémarec, marin pêcheur, sa femme Louise née Penven et leurs enfants.
En 1956, après un gros épisode pluvieux, la digue du moulin commence à s’effondrer, une brèche y est réalisée afin de permettre une évacuation plus rapide de l’eau et limiter les dégâts mais le franchissement du cours d’eau à cet endroit est alors rendu impossible.
Dans les années 1960, la toiture du moulin est arrachée lors d’une tempête, une ceinture de vingt centimètres de haut, de l’épaisseur du mur, est alors rajoutée en dessus de celui-ci afin de consolider la structure avant d’accueillir la nouvelle toiture, l’une des deux cheminées ne sera pas reconstruite.
En 1993 18, une passerelle en bois est construite par les municipalités de Concarneau et Trégunc pour combler le vide laissé en 1956 rendant à nouveau possible la traversée du Minaouët. François Moullec, le propriétaire de moulin-mer de l’époque qui possédait une entreprise de conchyliculture à proximité, demande que l’on n’installe pas de tables de pique-nique près du moulin. Au début de l’année 2020, le moulin est toujours détenu par les descendants de monsieur Moullec… avant d’être cédé au Conservatoire du littoral.

Remerciements à Roland Picard et Pierre Moutel pour leur contribution.

L’auteur

Sources et annotations

1 Cela s’est passé il y a 500 ans dans le Ma Bro n° 9 de 2014, aussi visible dans le blog des Amis du Patrimoine.
2 Visible dans le blog des Amis du Patrimoine: Keroriou et le manoir de Kervren. Un Louis Garlot apparaît dans la liste des officiers de la duchesse en 1458 et l’acte de 1512 est explicite quant aux sevices rendus par la famille au duché.
3 Voir La seigneurie de Kerminaouët, blog des Amis du Patrimoine
4 Le renable est un inventaire de l’état des biens des meuniers lors des renouvellement de baux – voir aussi La seigneurie de Kergunus, blog des Amis du Patrimoine…
5 Chef du bois ou Penanhouat, voir l’aveu de la seigneurie du Chef du bois pour la réformation des domaines (site Au-delà de l’État civil – 75 Série P) – P1559 460 et 472
6
Aveu du seigneur de Penanrun pour La Réformation des domaines P1560 p393.
7
Des articles très intéressants et documentés concernant les moulins de Lanriec sont à consulter dans les lanriec.com numéros 3 et 4, aussi visibles en ligne.
8
  Une toiture pavillon est pyramidale à 4 pans, le moulin-mer possède une toiture simple à 4 pans : deux croupes (cotés pignons) et deux longs pans.
9
Dans l’aveu du seigneur de Kerminaouët en 1681 pour la Réformation des Domaines P1560 p 286. Un aveu est une déclaration écrite fournie par le vassal à son suzerain lorsqu’il entre en possession d’un fief, à l’occasion d’un achat, d’une succession ou rachat…
10
Extrait de la déclaration de François de Kermeno, seigneur du Goarlot en Kernével pour la Réformation des Domaines en 1682, P1562 p86.
11
Site les Limbour une dynastie de meuniers de Pont-Aven
12
En ligne l’inventaire du patrimoine culturel en Bretagne voir aussi AD29, 1Q 879 ; Kerminaouët et les moulins à mer et Mao. Kervren est aussi acquis le 14 septembre 1793 par Maître Gorgeu, notaire à Beuzec-Conq.
13 Un François-Gabriel le Baccon né au même moulin de Troganvel, baptisé le 10 janvier 1782 (donc frère aîné) et certainement décédé entre-temps.
14 Noté François le Baccon dans l’acte de décès : Joseph-Gabriel-François ? [15 juin 1819 – Trégunc décès (1818-1842) p30/566].
15 Vente sur saisie immobilière devant le tribunal civil de Quimper, article de journal de l’époque.
16
Renseignements fournis par Monsieur Moullec qui fit des recherches sur son moulin.
17 et 18 Articles des journaux Le Finistère et Ouest-France

Ouvrage indispensable si l’on veut vraiment tout connaître des moulins à marée en Bretagne :
Les moulins à mer et les anciens meuniers du littoral de Jean-Louis Boithias et Antoine de la Vernhe

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