Trégunc en 1936
Le dénombrement de la population réalisé de janvier à mars 1936 est constitué d’une liste nominative des habitants qui résident habituellement dans la commune. On y trouve en premier lieu le nom des quartiers, villages, hameaux, rues… puis nominativement tous les individus d’un même ménage, le chef en tête, le conjoint, les enfants, ascendants, parents domestiques, employés… vivant en commun avec la famille. Les années et lieux de naissance y figurent ainsi que les professions.

Pour la commune de Trégunc, les 161 pages du dénombrement de la population de 1936 permettent de réaliser quelques statistiques. 4802 personnes résident à Trégunc dans 989 maisons occupées par 1218 ménages : 2511 personnes de sexe féminin dont 264 veuves, 2291 personnes du sexe masculin (les veufs ne sont pas indiqués).
Trois ménages comptent onze personnes, les parents, souvent des ascendants et de nombreux enfants. 45 ménages comptent de huit à dix personnes et 169 ménages comptent six ou sept personnes, 123 personnes vivent seules.
Les habitants sont très majoritairement natifs de Trégunc, 4059 d’entre eux ; 459 personnes sont originaires des communes voisines (139 de Névez, 122 de Melgven, 83 de Nizon, 78 de Lanriec, 37 de Beuzec-Conq…).
Une population relativement jeune
À Trégunc en 1936, les services de l’état civil ont enregistré 100 naissances, 36 mariages et 63 décès, soit un solde naturel positif de 37 personnes.
En 1936, l’âge moyen de la population tréguncoise est de 30 ans. L’âge médian est de 27 ans ; cela signifie que la moitié de la population a moins de 27 ans.
• 478 enfants ont moins de 6 ans,
• 918 jeunes de 6 à 13 ans sont scolarisables,
• 539 ont de 14 à 20 ans,
• 2547 adultes sont âgés de 21 à 64 ans,
• et 320 personnes de 65 ans et plus.


La pyramide des âges de la population de Trégunc fait apparaître nettement un creux chez les jeunes âgés d’une vingtaine d’années, conséquence de la diminution des naissances durant la Grande Guerre.Un creux moins marqué se dessine chez les hommes ayant atteint la quarantaine, conséquence du nombre de soldats morts à la guerre. Deux hommes ont 91 ans, Joseph Guiffes de Kerbiquet et Jean-Marie Scalart de Pont-Kerbrat.
Les lieux les plus habités
1163 personnes demeurent au bourg de Trégunc, 394 dans la rue de Concarneau, la plus peuplée (dont 46 élèves pensionnaires à l’école des sœurs et autant à l’école publique de garçons), 264 rue de Pont-Aven, 259 rue de Saint-Philibert y compris Roudouic, 100 rue de la gare (dont les 35 pensionnaires à l’école publique de filles) et enfin, à Kerfeunteun, 74 personnes (dont 53 pensionnaires à l’école Saint-Marc).
Les villages les plus peuplés de la commune sont : Trévignon (192 habitants), Lambell (164), la Pointe de Trévignon (132), Kerouel (101), Curiou (97), Tréhubert (92), Pouldohan (92), Kerlin (88), Pendruc (81), Kerdallé (76), Saint-Philibert (61)…
Professions
Bien évidemment, les métiers de l’agriculture et de la pêche sont les mieux représentés : 545 personnes en agriculture (349 cultivateurs, 117 cultivatrices, 35 journaliers et 44 ouvriers agricoles) plus 71 domestiques et 48 servantes (en grande partie dans les fermes) ; 530 marins-pêcheurs.
Puis viennent les métiers du commerce : 28 commerçants ou commerçantes, 26 débitants ou débitantes de boissons, 17 boulangers, 6 bouchers et 1 charcutier ; et ceux de l’artisanat : 42 couturières, 26 maçons, 24 menuisiers, 13 charrons, 13 tailleurs d’habits, 9 mécaniciens, 7 forgerons, 7 carriers et 8 tailleurs de pierre, 4 cordonniers, 2 maréchaux-ferrants, 22 manœuvres ; des employés communaux : 5 cantonniers et 2 secrétaires de mairie ; 14 personnes travaillent à l’usine à iode tenue par André Normand à Penloc’h ; 37 instituteurs ou institutrices habitent à Trégunc, 180 élèves des écoles primaires sont pensionnaires.
Trégunc a un seul médecin (le docteur Pochard), une sage-femme (madame Yan), un coiffeur, une employée de gare, trois facteurs, une employée de poste, un étudiant, un fossoyeur, un notaire, un photographe, un puisatier, deux sabotiers, deux selliers, une sertisseuse, un vannier, un voilier…
Les noms de famille
On retrouve 437 patronymes différents dans la population tréguncoise, quelques erreurs d’écriture ont pu se glisser à l’époque. Les patronymes les plus répandus à Trégunc en 1936 sont Guillou (184 personnes), Furic (163) et Bourhis ou Le Bourhis (142) ; puis viennent Sellin (129), Ollivier (106), Martin (102), Jaffrézic (102), Herlédan (96), Marrec (93), Dizet ou Le Dizet (73), Glémarec (69), Burel (69)… Les personnes portant ces onze patronymes représentent 28 % de la population.
Selon le site internet Geneanet.org, le patronyme Furic est assez répandu en Bretagne, notamment dans le sud du Finistère, le nom est déjà attesté au Moyen Âge. On pourrait y voir le breton furik (= furet), mais il s’agit plus probablement d’un diminutif de fur (= sage).”
D’après la même source, le patronyme Bourhis est fréquent dans le Finistère. Il correspond au breton bourc’his, qui signifie bourgeois, l’habitant du bourg. Un sens politico-social n’est cependant pas exclu.
Les prénoms
Les dix prénoms masculins les plus courants pour 60 % des hommes : Yves ou Yvon (295 fois), Jean (199), Joseph (197), Louis (167), Pierre (153), Jean-Marie (134), François (69), Marc (61), René (51), Corentin (50).
Un seul homme possède ces prénoms : Valère, Sabioni, Primel, Mélan, Mathurin, Mathias, Léopold, Gaston, Edmond…
Le dénombrement de la population de Trégunc en 1936 contient 123 prénoms masculins différents pour 2291 hommes
Les dix prénoms féminins les plus courants pour 52 % des femmes : Marie ou Maria (709 fois), Anna, Anne, Anne-Marie ou Annette (179), Yvonne (80), Victorine (76), Francine (67), Jeanne (61), Philomène (52), Marguerite (50), Josèphe (49), Catherine (48).
Une seule femme possède un des prénoms : Viviane, Rosine, Michelle, Martine, Laurence, Josiane, Isabelle, Herveline, Ghislaine, Gabrielle.
Le maire, Jean-Marie Carduner
Lors de l’élection municipale des 5 et 12 mai 1935, Jean-Marie Carduner est réélu maire de Trégunc pour la quatrième fois depuis décembre 1919, par 22 voix sur 23 conseillers. Ambroise Lavaux, boulanger de la rue de Pont-Aven, est élu premier adjoint. Pierre Rioual est élu second adjoint. Marc Quentel (ancien maire de décembre 1899 à décembre 1919), est élu conseiller. André Normand, directeur de l’usine d’iode de Penloch, devient également conseiller. Jean-Marie Carduner est né le 28 juillet 1874 dans la ferme de Kerouiny. Son père Philibert, âgé de 42 ans, est cultivateur et sa mère Anne Bourhis, âgée de 33 ans, est cultivatrice. Le 17 juillet 1898, Jean-Marie épouse Marie Anne Françoise Victorine Bellec née le 13 septembre 1879 à Croissangard en Trégunc. Celle-ci décède le 15 mars 1904. Le 8 juillet 1906, Jean-Marie épouse Marie Francine Bellec, née le 14 février 1886, sœur de l’épouse défunte. Le couple, les quatre enfants Carduner et une tante sont installés à Croissangard en 1911, la ferme emploie trois domestiques. Le 15 janvier 1918, après le décès de Marie Francine, Jean-Marie Carduner épouse Philomène Sellin, native de Névez.
Au recensement de 1936, Jean-Marie Carduner est déclaré cultivateur à la ferme de Croissangard, son épouse Philomène est également cultivatrice. Habitent avec eux leur petite-fille Martine, trois domestiques, Pierre Bourbigot né en 1918, Joseph Cozic né en 1920, tous deux originaires de Melgven, et la servante Joséphine Huon née en 1922 à Trégunc.
En 1944, Jean-Marie Carduner sera déclaré démissionnaire et André Normand, collaborant avec l’ennemi, sera nommé maire par le régime de Vichy. À la libération, M. Normand sera emprisonné, jugé et frappé d’indignité nationale. Libéré en février 1945, il sera amnistié. Jean-Marie Carduner retrouvera son mandat de maire le 10 octobre 1944.
Jean-Marie Carduner décède le 21 novembre 1948, Michel Naviner lui succède.
Au conseil municipal
En 1936, le conseil municipal délibère sur de nombreux projets dont certains ne se concrétiseront pas.
En mars, au port de Trévignon, le déroctage et la mise en place de chaînes traversières sont envisagés. Le conseil municipal demande une subvention pour l’achat de l’immeuble Sellin à proximité de l’école publique de garçons. Le 22 mars, le conseil se réunit pour fixer la date du pardon qui se tient habituellement en avril. André Normand souhaite annuler ce pardon en raison de la situation politique extérieure. Néanmoins, le comité des fêtes est constitué de MM. Lavaux, Drouglazet, Kerangal et Bourhis, et le pardon est maintenu à la même date que l’année précédente. Le conseil vote une subvention de 3 000 F au comité du bourg, 500 F à celui de Trévignon, 500 F à celui de Pouldohan et 500 F à celui de Saint-Philibert.
En juin et juillet, c’est la rénovation des chemins vicinaux nos 2, 5, 9 et 10 qui sont à l’ordre du jour.
En septembre, le projet de construction de trottoirs et caniveaux dans les rues du bourg est examiné. D’autres chantiers sont mis à l’étude : l’éclairage du port de Trévignon et du débarcadère de Pouldohan, la construction d’un brise-lames à la Pointe de Trévignon (réalisé au début des années 1950), d’un bureau de poste, l’amélioration des chemins ruraux de Kerguentrat, Kerhallon et Kernalec. Enfin, un important projet de nouvelle école publique de garçons est adopté. Cette construction réalisée sur un terrain à Roudouic comprendrait dix classes de trente élèves, huit logements d’instituteurs, un réfectoire de 130 places et un pensionnat de 80 lits pour un budget de 1 836 000 F. Cette école ne verra pas le jour.
À la suite de la prolongation de la scolarité obligatoire jusqu’à 14 ans, le conseil municipal, lors de sa réunion du 22 novembre, décide la création d’un cours d’enseignement ménager à l’école publique de filles du bourg. Cet enseignement se déroulera dans le grenier situé au-dessus d’un des dortoirs.
En décembre, le conseil programme la suite des travaux d’électrification. Il demande la création d’un service de car entre le bourg et Saint-Philibert, 1500 personnes sont concernées.
L’affaire du presbytère
Pour le conseil municipal, l’expulsion des prêtres permettrait de transformer le presbytère afin d’y installer la mairie et un bureau de poste ; une place publique serait créée à l’emplacement du jardin.

En 1916, le bail convenu entre la mairie et le recteur Grall est de neuf ans pour un loyer de 250 F par an. Le presbytère possède seize feux, deux maisonnettes et 25 ares de jardin. En 1925 le loyer est porté à 750 F, le recteur, refuse et paie un loyer de 500 F.
En 1932, le recteur Grall prend sa retraite, quitte Trégunc et rejoint sa ville natale de Landivisiau. En avril 1932, après délibération du conseil municipal, le presbytère est déclaré d’utilité publique et repris par la commune. Le locataire remplaçant le recteur Grall est prié de trouver un autre logement dans les six mois. Les occupants ne quittent pas les lieux et le recteur Grall porte l’affaire devant le juge de paix de Concarneau pour que le bail du presbytère puisse être transmis à son successeur. Le recteur décède en novembre 1932, remplacé par Clet Arhan. Décision du juge en 1933 : les prêtres doivent quitter les lieux. Le 30 janvier 1936, la commission supérieure de cassation rejette une nouvelle requête.
En 1937, l’affaire sera close par une décision du conseil municipal (règlement des loyers en retard, nouveau bail de neuf ans avec un loyer annuel de 500 F…). Une partie du jardin devient place publique, un nouveau mur sera construit à la charge des locataires (sources : presse ancienne, archives départementales 29).
Les fêtes
Les 26 et 27 avril 1936 se déroulent les fêtes patronales à Trégunc, le lundi est réservé au réjouissances profanes, au programme :
• 9 h, la musique municipale de Scaër, suivi du salut au monument aux morts ;
• 10 h, épreuve de marche de 20 km, puis course de bicyclettes de 6 km, course à pied et enfin jeux divers ;
• midi : grand banquet chez Kerangall ;
• 14 h 30, course internationale de bicyclettes de 30 km ;
• 15 h 30, course régionale de chars, suivi de grandes luttes bretonnes au terrain de Roudouic (600 F de prix) ;
• 18 h, gavotte bretonne pour jeunes et vieux ;
• 21 h, retraite aux flambeaux suivi d’un grand feu d’artifice place de la mairie à 21h30.
Yves Pelleter de Roudouic, né en 1850, vétéran de la guerre de 1870, prend part chaque année au concours de fumeurs organisé le jour de la fête patronale. Il en sort souvent vainqueur. Il décède à l’âge de 88 ans en 1939.

au centre, debout au premier rang.
Les 30 et 31 août, ce sont les fêtes de Saint-Philibert :
• 9 h 30, jeux divers ;
• 10 h, course de chevaux ;
• 10 h 30, concours de boul-ten ;
• 14 h, course communale de bicyclettes ;
• 15 h, course régionale de bicyclettes ;
• 16 h, course pédestre ;
• 16 h 30, course pédestre pour vieillards.
Les faits divers à Trégunc et dans le monde en 1936 : revue de presse
Janvier
Le premier jour de l’année 1936, une tempête sévit sur la Bretagne, un mur s’écroule au 37 avenue de la Gare à Concarneau. Le 9 janvier, un ouragan balaye le port de Concarneau, heureusement sans dégâts sur la flottille.
Fin décembre 1935, la réunion du comité du Front populaire de Trégunc rencontre un franc succès, de nombreuses adhésions sont enregistrées. Le programme est publié le 12.
Début janvier, un vœu en faveur de l’enseignement de la langue bretonne est soumis en délibération à cent conseils municipaux de la région.
Le 11 janvier, un camion des Moulins de Concarneau glisse en descendant la côte de Pont-Minaouet et se brise dans le fossé. M. Tallec, gravement blessé à la tête, est soigné par Euphrasie Le Beuze, débitante à Pont-Minaouët.
Le 18 janvier, une cabine de bain appartenant à M. Sinquin, ingénieur vicinal à Pont-Aven, installée sur la plage de Kersidan, est saccagée et pillée.
Le 20 janvier, le roi d’Angleterre George V meurt. Le prince de Galles est proclamé roi d’Angleterre, d’Irlande et empereur des Indes sous le nom d’Édouard VIII.
Le vendredi 24 janvier, plusieurs pêcheurs de Pouldohan découvrent un cadavre sur la grève. Il s’agit de Jean-Marie Loussouarn de Beg-Minez, 53 ans, marin, marié et père de deux enfants, il a heurté un rocher et sa plate a chaviré.
Le dimanche soir du 25 janvier, Hervé Le Gall, commerçant au bourg de Trégunc, est victime d’un accident de chasse sur la route de Pont-Aven. Son fusil chargé tombe sur la chaussée et le blesse grièvement. Il est transporté à l’hôpital par le docteur Pochard.
Dans la nuit du dimanche 26 au lundi 27 janvier, un raz-de- marée se produit à Concarneau lors d’un fort coefficient de marée (105) et d’un violent coup de vent, les quais et les maisons de la Ville close sont inondés. La foudre tombe à Douric-ar-Zin, au Cabellou, des arbres sont endommagés, à Melgven, au manoir de Kergoat, dans la propriété de M. de Kerguélen, plus de deux cents arbres ont été déracinés.

Février
Le 2 février, lors du match de foot entre la Fleur d’Ajonc de Pont-Aven et Trégunc-Sport, M. Canévet, boucher à Trégunc et M. Naour, agriculteur à Saint-Maudez, s’étripent à la suite d’une conversation politique houleuse. M. Canévet est condamné à 16 F d’amende avec sursis et doit verser 50 F à M. Naour.
29 février, année bissextile : Hitler désavoue en partie son livre Mein Kampf et déclare : « Il n’y aura plus de raison de conflit entre la France et l’Allemagne… et ajoute, soyons amis ! »
Mars
Le 1er mars, Eugène Le Dœuff de Trégunc est élu au conseil d’administration du Syndicat des producteurs de semences de pomme de terre. En 1935, sur dix-huit communes, ce syndicat regroupe deux cents cultivateurs ayant planté trois cents hectares de pommes de terre, soit trois mille tonnes.
Le 8 mars, l’Allemagne dénonce le traité de Locarno et militarise la Rhénanie avec 60 000 soldats du Reich. Aux élections en Allemagne, 98,79 % des électeurs votent pour Hitler.
L’Angleterre tient à son honneur et viendra au secours de la France et la Belgique en cas d’attaque allemande.
Avril
L’heure d’été est rétablie le samedi 18 avril dans la nuit, il faut avancer la pendule d’une heure.
Le 18 avril, André Normand, conseiller municipal, préside deux réunions pour accueillir le candidat aux élections législatives, Hervé Nader, républicain d’Union nationale, le matin au bourg et l’après-midi à Saint-Philibert.
Le 19 avril, des malfaiteurs dérobent des boissons, des cigarettes et 200 F chez Louis Déréat, commerçant à Kermao. Ils opèrent également à Lanriec et Beuzec-Conq.
Mardi 29 avril vers 17 h 30, Alexandre Rioual, 60 ans, marié, père de deux enfants, carrier au bourg de Trégunc, est heurté par une camionnette au lieu-dit Carbon, sans que l’automobiliste ne s’arrête. M. Hellio passant sur cette route alerte le docteur Pochard, celui-ci constate le décès. Le conducteur, M. Trellu de Quimper, est incarcéré pour délit de fuite, ivresse et blessures mortelles, il sera condamné le 1er juillet à six mois de prison, 100 F d’amende, 70 000 F de dommages-intérêts à la veuve, 10 000 F et 5 000 F pour ses enfants.
Mai
Les élections législatives se déroulent les 26 avril et 3 mai. À Trégunc, le 3 mai, Pierre Guéguin (communiste) est en tête avec 636 voix, Nader (Union Républicaine Démocratique) obtient 461 voix. Au second tour, Nader est élu député de la première circonscription de Quimper.
Le Front populaire obtient 375 députés dont 72 communistes, 146 socialistes et 116 radicaux contre 220 à l’opposition.
Le socialiste Léon Blum et le communiste Marcel Cachin sont prêts à prendre le pouvoir.
Juin
Le 4 juin, Léon Blum, président du Conseil, forme le cabinet du Front populaire : Daladier à la Défense, Salengro à l’Intérieur, Zay à l’Éducation. Pour la première fois, trois femmes entrent au gouvernement.
Le gouvernement annonce des projets : la semaine de quarante heures et les congés payés. Les grèves commencées en mai (100 000 ouvriers métallurgistes) s’amplifient à Paris et en province. Le 13 juin, à l’usine Chatelain de Concarneau (boîtes métalliques) les ouvriers obtiennent une augmentation de 10 % de leur salaire. Les autres usines de Concarneau connaissent également des mouvements sociaux.
Les grèves nationales dureront tout le mois de juin et dans certains secteurs toute l’année. L’appel du 11 juin de Maurice Thorez, secrétaire général du parti communiste, précise « qu’il faut savoir terminer une grève dès que satisfaction a été obtenue ».
Le 16 juin, Françoise Gourlay est élue reine des filets Bleus à Concarneau.
Les 20 et 21 juin, les lois instituant les deux semaines de congés et la réglementation de la semaine de 40 heures sont votées. À Trégunc, deux garderies fonctionnent pendant les vacances scolaires.
Juillet
Le 2 juillet, la loi prolongeant la scolarité à 14 ans est votée par 468 voix contre 80.
Le 10 juillet, le ministre de l’Intérieur Salengro, est prêt à faire évacuer les usines occupées par la force publique. Le communiste Duclos se range à cet avis et précise que les agitateurs ne sont pas de son parti.
Le 18 juillet, le comité des fêtes des Filets bleus décide de ne pas organiser la fête cette année en raison de difficultés avec les commerçants. Le 25 juillet, Pierre Guéguin, maire, et une cinquantaine de personnes décident d’organiser la fête le 23 août.
La guerre civile en Espagne débute. Le chef du parti monarchiste est assassiné, les militaires font un coup d’état au Front populaire démocratiquement élu. Un premier bateau de réfugiés espagnols accoste à Saint-Nazaire.
À Paris, le projet de discussion sur le vote des femmes est repoussé par 488 voix contre, une voix pour.
Le mardi 14 juillet, le cadavre de Joseph Guiffant, 58 ans, manœuvre au bourg, est retrouvé dans les rochers de Pendruc, il avait disparu le jeudi 9 juillet lors d’une partie de pêche.
Août
Du 1er au 16 août, les XIe Jeux olympiques se déroulent à Berlin. La France obtient dix-neuf médailles (sept d’or, six d’argent et six de bronze), notamment en boxe, lutte, cyclisme, poids et haltères.
Le 5 août, une dictature militaire prend le pouvoir en Grèce, avec le consentement du roi.
Le 9 août, la scolarisation est portée de 13 ans à 14 ans.
Dans la nuit du jeudi 27 août, vers 3 heures, le chalutier Jeanne d’Arc de Concarneau, entre en collision au large de Beg ar Gazek (Pendruc) avec le maquereautier l’Insomnie de Loctudy. Ce dernier sombre, le patron et le matelot sont recueillis par le bateau de Concarneau.
Septembre
Le 1er septembre, la terre tremble pendant trois minutes dans la région de Concarneau, peu de dégâts, quelques meubles se sont déplacés.
Dans la nuit du dimanche 6 au lundi 7, une tempête de sud-ouest s’abat sur la région, les bateaux de pêche sont rentrés au port et quelques arbres fruitiers sont déracinés.
Le 16 septembre, le trois-mâts Pourquoi-Pas ? du docteur Charcot sombre sur la côte islandaise, trente-six morts ou disparus, dont Jean Charcot. Seul rescapé, le maître-timonier Gonidec de Tréboul a séjourné cinq heures dans l’eau.
Le 26 septembre, le franc est dévalué de 29 % à cause de la fuite des capitaux. Une nouvelle dévaluation de 25 % est réalisée le 1er octobre.
Plusieurs communes du Finistère, dont Trégunc, sont contaminées par les doryphores qui ravagent les cultures de pommes de terre. Le transport des pommes de terre provenant des champs contaminés est très réglementé. Les contrevenants sont punis d’un à quinze mois d’emprisonnement et d’une amende de 50 à 500 F, doublée en cas de récidive (arrêté du préfet le 26 septembre 1936).
Le 26 septembre, le manoir de Pont-Minaouët est à vendre. Il comprend une maison de construction moderne de vingt pièces, un parc boisé avec garage et ferme-réserve de huit hectares.

27 septembre 1936, la procession du deuxième pardon
Octobre
Le 22 novembre, un incendie se déclare dans deux meules de paille chez Jean Montfort dans la ferme de Trévignon. Cet incendie a été allumé par son fils, âgé de 4 ans, jouant avec des allumettes.
La récolte des pommes à cidre est très importante à Trégunc. La vente s’avère difficile malgré la bonne qualité des fruits et des cours à la baisse, de 115 à 120 F la tonne. La barrique de 225 litres de cidre sur lie se négocie entre 115 et 120 F.
Novembre
Le 4 novembre, le démocrate Franklin Roosevelt est réélu président des États-Unis par 24 millions de voix contre 15 millions au républicain Landon.
Guerre civile en Espagne : le 8 novembre, le général Franco et ses troupes nationalistes entrent dans Madrid, mais les troupes gouvernementales et anarchistes résistent. Le 19 novembre l’Italie et l’Allemagne reconnaissent officiellement le gouvernement de Franco.
Le ministre de l’intérieur Roger Salengro se suicide à Lille, à la suite d’une campagne de calomnie dans la presse.
Dans la nuit du vendredi 30 au samedi 31 octobre, en rentrant vers minuit, Jean Guillou, boulanger à Saint-Philibert, entend un bruit dans son magasin. C’est un cambriolage, l’individu lui tire dessus, sans le toucher. Il a dérobé 500 F.
Décembre
Parti de Dakar le lundi 7 décembre, l’avion La Croix du Sud de Mermoz disparaît. À bord également quatre compagnons dont deux Bretons.
Le 10 décembre, le roi d’Angleterre Édouard VIII abdique en faveur de son frère cadet Albert, duc d’York qui prend le nom de George VI.
Le 12 décembre : convocation au conseil d’administration de la société de traitement chimique des algues à Penloc’h.
La mer en furie le 20 décembre, 80 000 F de dégâts sur les propriétés des Sables-Blancs (Lacaze, Levrain, Nerzic, Gloaguen, Jégoudez, L’Almièrie et d’Aubigny).
À la radio
On écoute les chansons des années 30, entre autres : Ma pomme de Maurice Chevallier, Marinella de Vincent Scotto, interprétée par Tino Rossi, Mon légionnaire de Marie Dubois, chantée par Édith Piaf, Tel qu’il est, créée par Fréhel, Vous qui passez sans me voir et Y’a de la joie de Charles Trénet…
Sources
– L’Ouest-Éclair (Rennes) – année 1936 – Gallica.bnf.fr
– Le journal hebdomadaire Le Finistère consulté sur le site des archives départementales du Finistère