Ouvroir et Maison de charité à Trégunc
L’ouvroir de Trégunc est créé en 1908
Dans le Code universitaire des lois et règlements de l’Université royale de
France de 1846, il est précisé : « Les ouvroirs sont des établissements d’instruction primaire dans lesquels les jeunes filles sont particulièrement exercées aux travaux d’aiguille ou d’autres travaux manuels, en même temps qu’elles reçoivent des leçons d’instruction morale et religieuse, de lecture, d’écriture, de calcul et de dessin linéaire. Les ouvroirs sont soumis à la surveillance des autorités préposées à l’instruction primaire. »
Un ouvroir a existé à Trégunc au tout début du 20e siècle. À l’époque, les ports, de Camaret au Pouldu, subissent, pendant plusieurs années, la crise de la sardine. À l’initiative de dames patronnesses 1, des ouvroirs de dentelle sont ouverts où les jeunes filles s’initient et réalisent des ouvrages qui seront vendus, apportant un complément de ressource aux familles des marins.

Sophie de Lonlay, belle-sœur de Jacques de Thézac 2, expose des dentelles de son ouvroir pour faire connaître les travaux des élèves de L’oeuvre des dentelières bretonnes du Passage-Lanriec. Par la suite, elle est aidée par une sœur de la congrégation des Filles du Saint Esprit. Cet ouvroir compte, en 1912, de l’ordre de 400 ouvrières dentelières.
1908 un ouvroir de dentelles à Trégunc
En 1908, à l’initiative de Mme Ferdinand de Calan et de Sophie de Lonlay, un ouvroir de dentelles s’ouvre à Trégunc dans une chambre louée par Mme de Vincelles chez Mme Sellin au bourg. Cet atelier ne compte, au début, que six ou sept élèves. Les fermières estiment en effet que cette formation risque de rendre difficile l’embauche de servantes. Malgré tout, le local devient vite trop étroit.
M. Pierre de Calan propose de mettre à disposition une grande salle de 14 à 15 mètres de long située au rez-de-chaussée d’une maison de Kérambourg, le premier étage étant occupé par le patronage. Des travaux sont effectués par Louis Le Beux, notamment le percement de fenêtres du côté nord 3. Le recteur fournit trois grandes tables et six bancs à dossier. La salle est ouverte le 7 septembre 1909, l’enseignement de la dentelle est confié à sœur Louise Élisabeth. Celle-ci avait été trois semaines à l’ouvroir du Passage-Lanriec et un mois à l’ouvroir du Guilvinec, cela afin de s’initier à la réalisation de la dentelle d’Irlande
La bénédiction de la salle a lieu le 25 janvier 1910. En 1913, l’atelier compte une cinquantaine d’élèves dentelières. Les ouvrages sont transmis à l’ouvroir du Passage-Lanriec qui se charge des expéditions vers les grandes villes et principalement Paris.
En 1914, sous la direction de sœur Louise, les élèves assistent les blessés (cuisine, blanchissage, confection de lainages…) hébergés au château de Penarun. En 1917, l’ouvroir est dirigé par sœur Marie-Albert.
En 1924, Mlle de Lonlay et M. Julien Derville créent la Société des dentelières bretonnes du Passage qui a pour objet « l’exploitation de l’industrie des dentelles à la main, notamment de dentelles bretonnes filet ancien et en tous genres, Irlande et Venise et autres ». Les statuts sont déposés aux greffes du tribunal de commerce de Quimper le 30 septembre. Deux ateliers annexes sont prévus : l’un à Névez, l’autre à Trégunc. Cette société remplace L’œuvre des dentelières bretonnes du Passage-Lanriec.
À Trégunc, dès 1921, il est envisagé de mettre en route des cours de couture. Au début des années 1930, la broderie est remplacée par un cours d’enseignement ménager 4, ce dernier devenant un cours d’enseignement ménager agricole en 1948. Le nombre d’élèves varie : 35 en 1949, 45 en 1950, 31 en 1962 et 17 en 1964. L’inventaire du mobilier scolaire de 1961 précise que l’ouvroir dispose de douze tables et de quatre machines à coudre.
L’ouvroir est fermé en juin 1965. La maison de charité de Trégunc Est gravée sur la tombe de Dame Angélique Marie de Bonnafos, l’épithaphe suivante : « Parfait modèle de l’amour filial, tendre épouse, ange de vertu et de bonté . Elle fonde en 1851 à Trégunc une maison de charité pour secourir les pauvres dont elle était la mère. »
Elle décède le 30 avril 1851. Quelques mois plus tard cette maison verra le jour.
Un acte passé à Saint Brieuc entre son mari, Louis de Lalande de Calan, et la Supérieure générale, sœur Émilie, de la congrégation des Filles du Saint Esprit confirme la création de cette institution. Louis de Calan fait don à la congrégation d’une propriété comportant une maison datant de 1832, de deux cours et des jardins. Un acte notarié par ses héritiers du 10 février 1877 confirme cette donation. D’après la matrice cadastrale, faisant référence à la congrégation comme propriétaire, l’emplacement est celui de l’école Saint-Michel. Les sœurs Saint-Victor et Saint-Armel arrive le 24 janvier 1852 pour « soigner les malades de la paroisse et donner l’éducation morale et religieuse aux petites filles pauvres ».
Plus tard, l’école des pauvres deviendra l’école Saint-Michel et le dispensaire 5 soignera, sur place et à domicile. Ainsi, en 1961, près de 4000 malades ont fait appel aux sœurs infirmières.
En 1981, la sœur infirmière change de statut, elle devient salariée du Centre de soins, reconnu comme antenne de Concarneau.
Notes
1 Au Guilvinec, l’ouvroir a été créé par sœur Pauline, spécialiste du point d’Irlande.
2 Jacques de Thézac crée, en 1899, l’Almanach du marin breton. Il fonde l’œuvre des Abris du marin en 1908.
3 L’ouvroir était situé dans la longère servant actuellement de salle d’exposition et pour la célébration des mariages.
4 Il est probable qu’à cette époque, l’ouvroir ait quitté la longère de Kerambourg pour s’installer dans l’école Saint-Michel.
5 Dispensaire : établissement où l’on donne gratuitement des soins courants.
Remerciements à la congrégation des Filles du Saint-Esprit de Saint-Brieuc
Sources
– Les archives de la congrégation des Filles du Saint-Esprit à Saint-Brieuc
– Le p’tit Vachic n°6
– Le Progrès du Finistère du 4 octobre 1924 (AD29)