Le Tour de France de 1954
Témoignages de jeunes Tréguncois.

Maurice avait 9 ans en 1954, il se souvient du passage du Tour de France.
« Le mercredi 14 juillet, jour de fête nationale, j’étais installé sur le talus du petit raidillon de Pont-Minaouët comme tous les gosses du quartier, à quelques mètres du café de Phrasie Poul-Kranket.
La caravane publicitaire m’avait beaucoup impressionné, un déluge de voitures bariolées. À Trégunc, à cette époque, la voiture automobile est encore un luxe et peu courante.
Nous devions nous précipiter sur les objets publicitaires, jetés à la volée, afin d’en récupérer quelques casquettes Ricard, des stylos Bic, du fromage La vache qui rit, du chocolat Poulain… Il y avait aussi Yvette Horner et son accordéon, elle jouait des airs de nos grands-parents, sur la plate-forme d’une voiture publicitaire.
Après le passage de la caravane, un moment de calme, et soudain, les coureurs arrivent en trombe de Kerviniou, passent le nouveau pont du Minaouët à une vitesse folle. Nous, nous étions habitués à de faibles vitesses sur nos vélos sans dérailleur. À part le maillot jaune, je ne pense pas avoir reconnu d’autres coureurs, et pourtant, nous étions très motivés pour reconnaître nos champions de l’équipe de l’Ouest, représentant les couleurs de la Bretagne en Gwenn ha Du.
Les coureurs passés, nous étions imprégnés de ce moment inoubliable et pressés de pratiquer un jeu de circonstance. Il consistait à faire avancer à la façon du jeu de billes, sur un trajet sinueux tracé sur un chemin de terre ou de sable, les capsules de bouteilles de bière ou de vin, de couleurs différentes, afin de bien distinguer les équipes représentant les coureurs. Bien sûr, nous favorisions notre champion, tout en commentant la course, à la manière des reporters de radio tels que Georges Briquet ou Robert Chapatte sur le poste à lampes qui grésillait énormément. Par la suite, la radio était devenue un outil indispensable pour suivre toutes les étapes du Tour de France, avec les bonnes échappées en direct ».
Jean-Yves Yan, se souvient également des Tours de France des années 1950.
« En juillet, pendant les grandes vacances, j’étais à la garderie de l’école et, à 17 heures, avant de rentrer à la maison, je faisais un arrêt au Café des Sports, chez Édouard Phine-Jany (actuellement Crédit Agricole), afin de connaître les résultats de l’étape du jour. Chacun d’entre nous avait son idole : moi, c’était Jacques Anquetil. »