L'ancienne mairie de Trégunc

À compter du 22 janvier 1801, l’administration de chaque commune est confiée au maire, les conseillers municipaux sont consultés lorsque le maire l’estime utile. Ce pouvoir s’exercera jusqu’en 1867.
À partir de cette date, une consultation régulière des élus s’impose.
À Trégunc, un local pour les réunions du conseil municipal devient indispensable.
Avec l’accord de son conseil municipal, le maire Joseph de la Lande de Calan loue au sieur Le Beux un appartement situé au bourg, moyennant la somme de 55 F. À compter du 29 septembre 1871,
la première mairie provisoire de Trégunc voit le jour dans ce local.
Il devient vite trop petit.
Construction d’une mairie à Trégunc
Un premier emplacement pour la construction d’une mairie est envisagé près de l’église mais ce choix ne paraît pas judicieux ; le conseil décide de retenir un terrain communal situé près de l’école publique de garçons rue de Pont-Aven.
Début 1873, le maire transmet à la commission départementale des bâtiments civils le projet de construction de cette mairie. Par lettre du 5 mai 1873, le préfet fait part au maire des observations de cette commission : dimensions restreintes, logement du secrétaire de mairie insuffisant, absence de cabinet de travail pour le maire et d’une pièce pour les archives, elle exprime enfin que la résistance des murs du violon est trop faible et qu’il y aurait avantage à substituer, pour cette partie de la construction, la maçonnerie en moellon à celle de la brique, qui serait aisément disloquée par les détenus. A-t-il été tenu compte de ses observations ? Le violon, prison temporaire, a-t-il existé ? Aucune indication n’a, pour l’instant, été trouvée sur ce sujet. Serait-ce le bâtiment de forme carrée qui se trouve dans la cour de la mairie (plan ci-dessous) ?

La construction est assurée par l’entreprise Bergé de Concarneau. L’adjoint au maire informe le préfet, le 4 avril 1874, que les travaux concernant la mairie et la place publique sont terminés ou en voie de construction. La construction est certainement terminée en 1875.
Un abri pour le corbillard adossé à la mairie est construit en 1913. Il faut attendre 1921 pour que soit envisagé des travaux d’agrandissement. L’architecte choisi est monsieur Ruer de Douarnenez. Le 23 juillet, la commune informe par affichage qu’il sera procédé, par adjudication au rabais à une entreprise, à l’attribution de travaux d’agrandissement de la mairie de Trégunc pour un montant estimé de 38 038,45 francs. Pendant le chantier, le maire loue à Yves Le Beux un appartement au bourg pour le logement du secrétaire de mairie. Le maire, Jean-Marie Carduner, adjuge ces travaux à Henri Le Beux, entrepreneur de Trégunc.

Sur le plan de la façade principale du nouveau bâtiment apparaît, en pointillés, la façade précédente. Au rez-de-chaussée se trouvent l’entrée, le secrétariat, la salle d’archives, la salle du conseil ; les toilettes sont dans un petit bâtiment accessible par la salle du conseil. À l’étage sont prévus un studio (une cuisine et une chambre) et un appartement (une cuisine-salle à manger et deux chambres).
La réception définitive de l’agrandissement a lieu en présence de l’architecte le 26 mai 1922. Le montant des travaux s’élève à 44 902,50 francs.
Par un marché de gré à gré signé le 3 octobre 1923 entre le maire et l’entrepreneur-artiste Guillaume Guéguen, ce dernier s’engage à effectuer la décoration intérieure de la mairie, travaux de peinture et menuiserie prévus sur le devis pour la somme de 2 896,85 francs. Le 20 octobre 1923, le procès-verbal de réception définitive des travaux de peinture et de décoration est signé par le maire, deux conseillers municipaux et l’entrepreneur.
Sur la façade principale, l’indication « Mairie » est gravée deux fois dans la pierre, sur le linteau de la porte d’entrée et sur le fronton, inscription réalisée en 1922.
Lors de la séance du conseil municipal du 31 juillet 1932, à la suite du départ du recteur Yves-Marie Grall, le maire propose « que le presbytère soit repris par la commune pour cause d’utilité publique… Cet établissement serait affecté à l’aménagement d’une mairie et d’un bureau de poste ; le jardin servirait à créer une place publique… La commune étant dans l’obligation de construire une nouvelle classe de filles ainsi que deux logements de maitresses, la mairie actuelle située près de l’école de filles conviendrait pour un aménagement en classe et logement ». Le conseil approuve et « émet l’avis que notification soit donnée aux ecclésiastiques occupant le presbytère du congé signifié à monsieur le recteur Grall ». Ce projet ne verra pas le jour.
Au premier étage seront aménagés une petite pièce, le bureau du maire et un logement social.
La page de couverture du bulletin municipal de Trégunc de juin 1988 reproduit la fresque murale qui existait dans la salle des mariages. Elle représente différentes vues de la commune peintes par l’artiste Léon Le Gall en 1948. Cette décoration n’existe malheureusement plus.
Entre 1922 et 1963, année de construction de la nouvelle mairie près de l’église, le bâtiment de l’ancienne mairie ne semble avoir reçu aucune modification extérieure importante.

Une nouvelle mairie
En 1960, il est envisagé de construire une nouvelle mairie au centre bourg, place de l’église. L’avant projet établi par l’architecte Deyrolle de Concarneau est présenté au conseil. Le projet définitif est approuvé par le préfet le 4 avril 1961.
Le conseil décide, le 8 décembre 1962, que l’ancienne mairie ne sera pas vendue. « Le bâtiment sera ainsi affecté :
• les anciens bureaux pour l’atelier de l’ouvrier communal,
• la grande salle servira de salle de réunions mise à la disposition des différents organismes et sociétés,
• l’étage sera occupé par les services du remembrement. »
L’inauguration de la nouvelle mairie a lieu le 10 février 1963, sous le mandat d’Auguste Picart ; le vin d’honneur est servi chez Joseph Drouglazet, le banquet chez Corentin Canevet.
En 1985, dans l’ancienne mairie, il est envisagé de procéder à des travaux pour créer au rez-de-chaussée une salle de réunion et à l’étage quatre logements sociaux. Sur le budget supplémentaire 1985-1986, l’estimation des travaux à effectuer s’élève à 650 000 F hors taxes, dépense couverte à 70 % par l’office H.L.M et 30 % par la commune. Le chantier débute fin 1987.
Les maires
À la réunion du conseil municipal du 3 septembre 1876 sont présents : le maire Joseph Marie de la Lande de Calan, treize conseillers municipaux et, « comme les plus imposés », treize tréguncois. Ces derniers siègent au conseil mais n’ont pas le droit de vote. Le maire « expose au conseil que les dépenses des travaux neufs pour la construction de la mairie, d’un presbytère et de la conversion de l’ancien cimetière en place publique sont couvertes par l’emprunt… et par la subvention de cinq cents francs fournie par la fabrique ».
Pendant la période de 1875 à 1963, douze maires se succè•dent dans cette mairie :
• Joseph Marie de la Lande de Calan jusqu’en 1878,
• Joseph Marie Prouhet de 1878 à 1887,
• Jean-Marie Le Mat de 1887 à 1889,
• Henri Ponthieu de Chamaillard de 1889 à 1890,
• Charles de la Lande de Calan de 1890 à 1891,
• Jean-Marie Le Mat de 1891 à 1899,
• Marc Quentel de 1899 à 1919 ,
• Jean-Marie Carduner de 1919 à 1943,
• André Normand (nommé par le gouvernement de Vichy) de 1943 à 1944,
• Jean-Marie Carduner de 1944 à 1945,
• Michel Naviner de 1945 à 1959,
• Auguste Picart de 1959 à 1963.
Un souvenir de Robert Sellin : Après la dernière guerre, à l’époque où Michel Naviner était maire, celui-ci assurait la permanence le matin et l’après-midi son premier adjoint, Ambroise Lavaux, avait délégation de signature. Les « signures », comme disait ce dernier, avaient lieu non pas à la mairie, mais dans son café-boulangerie situé près de la mairie. Il en profitait pour boire un coup, presqu’à chaque « signure », elles étaient parfois nombreuses !
Les secrétaires de mairie
En 1872, Jacques Le Guellec, ancien clerc de notaire au bourg, occupe les fonctions de secrétaire de mairie. En 1875, dans la première mairie, juste construite, il occupe avec sa famille le logement de fonction. Sur l’acte de naissance de son fils Joseph né le 27 août 1875, il est précisé que son épouse accouche en son domicile à la mairie de Trégunc. Il décède en 1881 à 41 ans. Il est remplacé par Victorien Le Louarn, ancien instituteur dans la commune, qui décède le 14 novembre 1888.
Jean-Marie Caudan assure la succession. Sur son acte de mariage avec Marie Guirinec à Trégunc le 25 juin 1890, il exerce les professions de secrétaire de mairie et de clerc de notaire. Il décède le 2 février 1902, âgé de 35 ans.
Gabriel Kervarec pose sa candidature. Le maire présente sa demande au conseil municipal de février, il hésite à le nommer à ce poste connaissant son passé et les raisons par lesquelles il avait été révoqué comme instituteur ; depuis quelque temps sa conduite n’était pas trop mauvaise. Le conseil donne néanmoins son approbation pour assurer ce poste.
Gabriel Kervarec réclame une augmentation. Par lettre du 26 février 1903, le préfet précise : cette réclamation ne me semble pas justifiée. A-t-il été maintenu comme secrétaire jusqu’à son décès le 7 juillet 1915 ? qui a assuré le secrétariat entre Gabriel Kervarec et Joseph Piclet ?
Le 14 août 1914, le conseil municipal attribue au secrétaire de mairie une parcelle de terrain située derrière la mairie.
Par arrêté communal du 2 août 1920, Joseph Bargain est nommé secrétaire de mairie en remplacement de Joseph Piclet décédé le 14 juin 1920 à 23 ans.
Le maire, Jean –Marie Carduner, expose au conseil, le 17 juin 1934, que l’état déficient du secrétaire de mairie Monsieur Bargain empêche celui-ci de remplir convenablement ses fonctions et qu’il convient par suite de désigner une personne capable d’assurer le secrétariat.
Par arrêté communal du 4 septembre 1934, le maire, Jean-Marie Carduner, nomme Yves Yan secrétaire général de mairie, il devra remplir en même temps les fonctions de tambour-afficheur. Il est secrétaire jusqu’en 1963 dans l’ancienne mairie puis dans la nouvelle mairie. Pendant la dernière guerre, il établit de faux papiers. Il est arrêté et déporté à Dachau ; durant son absence, il est suppléé par Jean Barron, instituteur, et Francis Briant. À son retour, Yves Yan reprendra son poste.
Un lieu d’activités culturelles
À partir de 1963, la mairie met la grande salle du rez-de-chaussée à la disposition des associations pour leurs réunions. Elle est aussi utilisée comme bureau central pour les élections. Puis elle devient principalement une salle de musique. En premier lieu, Pierre Sellin y dirige une école de musique pendant une dizaine d’années (voir Ma Bro n°8 de décembre 2013). Plus tard la chorale Océanis utilise cette salle pour ses répétitions. Elle est ensuite réservée à la M.J.C. pour des cours de musique.
Fin 2018, la mairie la met à disposition de l’association des Amis du patrimoine de Trégunc qui y organisent de nombreuses réunions, permanences et expositions temporaires de photos, c’est le point de rencontre des adhérents et sympathisants de l’association.

Sources
– Archives municipales de la mairie de Trégunc
– Presse ancienne consultée aux archives départementales
– Entretiens avec différents anciens de Trégunc
– Archives des Amis du Patrimoine