La Borne de corvée royale

Borne de corvée de Lanriec
Borne de corvée de Lanriec

Sous l’Ancien Régime, les bornes de corvée royale précisent les longueurs des sections des principaux chemins, appelés grands chemins, que les habitants de chaque paroisse doivent entretenir et parfois construire. Une telle borne, qui vise la paroisse de Trégunc, est située sur le trottoir au niveau du 143 ter rue de Trégunc à Douric ar Zin à Concarneau (sur la paroisse de Lanriec à l’époque).

En 1730, sous Louis XV, les grands chemins sont en très mauvais état. Il est alors décidé que les hommes de 18 à 50 ans valides doivent consacrer des journées de travail gratuites pour l’entretien de ces routes, sauf pendant les semailles et moissons. Chaque paroisse doit assurer cette tâche sur une distance évaluée en fonction de sa capitation, en tenant compte toutefois de l’éloignement de son clocher et de la dureté des travaux à effectuer. Par une instruction de 1738 sont exempts : les nobles et les ecclésiastiques ainsi que leurs domestiques, les habitants des villes, les instituteurs et les bergers de grands troupeaux.
La journée de corvoyeur de harnais conduisant une charrette attelée de deux chevaux est équivalente à celle de cinq corvoyeurs de bras.
Les hommes ne sont pas satisfaits de cet impôt en nature et le manifestent : désobéissance, mauvaise volonté, paresse, violence… Des règles sont alors établies : nombre de corvoyeurs par paroisse, horaires, qualité du travail, sanctions… Il faut attendre les édits de Turgot en 1776 qui suppriment, en principe, cette corvée. Cette mesure n’est malheureusement pas appliquée dans toutes les régions et notamment en Bretagne. De nombreux cahiers de doléances rédigés en Bretagne demandent la suppression de ces corvées royales mais le parlement de Rennes refuse d’enregistrer cette revendication. Il faut attendre la Révolution, le 4 août 1789, pour que cette corvée soit définitivement abolie.

La borne de corvée de Lanriec

La borne de corvée, citée ci-dessus et concernant la paroisse de Trégunc, est une pierre en granit mesurant 1,40 mètre de hauteur, 0,43 de largeur et 0,20 d’épaisseur. Elle est en mauvais état, les inscriptions sur les deux faces sont très peu lisibles.

Le dessin de Paul Banéat 1  et une photo dans la revue Lanriec.com 2 nous permettent de lire :

Sur une face
une fleur de lys
TREGVNC
3249
TOISES
9
1761

sur l’autre face
LANR
IEC

Borne de corvée de Lanriec (coll. Musée de Bretagne, Collection Arts graphiques)
Borne de corvée de Lanriec (coll. Musée de Bretagne, Collection Arts graphiques)

La tâche de la paroisse de Trégunc porte donc sur 3249 toises (6 332 mètres) et celle de la paroisse de Lanriec, non précisée sur la borne, sur 679 toises (1 323 mètres). Ces distances étant fixées en fonction du montant de l’impôt de capitation, elles sont variables dans le temps. En 1787 la distance de la tâche de la paroisse de Trégunc est de 3230 toises (6 295 mètres).
Le tracé de ce grand chemin correspond approximativement à celui de la route départementale entre Concarneau et Pont-Aven avant la construction de la déviation vers le nouveau pont sur le Moros.